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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/244

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en un seul livre. Vint ensuite le gros travail d’Eusèbe de Césarée, en vingt-cinq livres. Puis une nouvelle réfutation par Apollinaire de Laodicée, en trente livres. De tout cela, il ne nous reste que fort peu de chose. On retrouve la trace de l’ouvrage d’Eusèbe jusqu’au xvie et au xviie siècle, ce qui permet quelque faible espoir d’une heureuse découverte à venir. Mais on n’a pu, depuis lors, remettre la main sur les manuscrits signalés dans deux catalogues[1].

À ce prix, comment pouvons-nous nous former une idée du traité Contre les Chrétiens ?

Nous le pouvons, d’abord, grâce à un certain nombre d’extraits, dus surtout à saint Jérôme et à Eusèbe. Saint Jérôme fait de fréquentes allusions au traité de Porphyre. Il prend Porphyre directement à partie dans son Commentaire sur Daniel. Rien ne prouve, à dire vrai, qu’il ait lu l’ouvrage de ses yeux, encore qu’il ait songé un moment à écrire contre lui tout un livre[2]. Mais comme il a tiré ses citations des réfutations de Methodius, d’Eusèbe et d’Apollinaire, ses excerpta ont pour nous presque tout le prix d’une tradition directe. Ils constituent, avec les morceaux dus à Eusèbe, la base même de notre connaissance du Κατὰ χριστιανῶν et fournissent une pierre de touche pour discerner les fragments authentiquement porphyriens.

Depuis une cinquantaine d’années, une découverte nouvelle a considérablement accru ce fonds trop peu fourni.

  1. Un catalogue de Rodosto (= Tekir Dagh, sur la mer de Marmara) rédigé entre 1565 et 1575 : cette ville a été en partie détruite par un incendie en 1838 ; un catalogue du monastère Iwiron, au mont Athos, Cod. 1280, du xviie siècle.
  2. C’est ce qu’il dit lui-même Comm. in Ep. ad Gal. 1, II (Patrol. lat., 35, 341).