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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/245

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Lors des polémiques entre catholiques et protestants, au xvie siècle, le jésuite français François de la Tour (Franciscus Turrianus) avait eu l’occasion d’utiliser des extraits d’un polémiste de l’antiquité chrétienne, Macarius Magnès, dont il avait lu à Venise un manuscrit[1]. Il en avait tiré, en particulier, un texte, souvent cité depuis, sur l’Eucharistie, où Macarius écartait nettement toute interprétation symbolique de la parole du Christ : « Ceci est mon corps… Ceci est mon sang. »

Ce manuscrit disparut entre 1552 et 1637.

Deux autres manuscrits du même ouvrage, signalés par Janos Laskaris en 1491-1492, l’un à Corigliano, l’autre au couvent du mont Sardo, ne purent davantage être retrouvés.

Mais voici qu’en 1867 le savant français Blondel fut autorisé à transcrire un manuscrit de Macarius, propriété personnelle d’un ancien conservateur de la Bibliothèque nationale d’Athènes, Apostolidès.

L’ouvrage était intitulé : Μονογενής ἢ Ἀποκριτικὸς πρὸς Ἕλληνας, titre assez étrange qui signifie : « Le Fils unique ou Réponse aux Grecs[2] ». Il est dédié à un certain Théosthènes et relate un colloque public entre un païen lettré et l’auteur lui-même. Le païen formule par série de six à dix ses objections sur divers passages du Nouveau Testament ; le chrétien oppose à chaque groupe de critiques une longue réponse et parle, au total, huit fois autant que son adversaire.

L’ouvrage comprenait originairement cinq livres (un livre pour chaque jour de dispute) ; toutefois, le manuscrit

  1. F. Turrianus, Adversus Magdeburgenses, Colon, 1573, I, 5, p. 21 ; II, 3, p. 165 ; II, 13, p. 208.
  2. Le mot μονογενής pour désigner le Christ revient six fois dans le texte de Macarius.