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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/249

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Qui était ce Pacatus ?

Harnack pensa aussitôt à l’élève et ami du poète Ausone, Latinus Drepanius Pacatus, proconsul d’Afrique en 390, comes rerum privatarum en 393, de qui nous avons un Panégyrique de Théodose, prononcé à Rome devant le Sénat en 389[1]. Harnack suppose que la religiosité un peu vague dont témoigne ce Panégyrique se mua sur le tard en une foi plus ardente, dont un traité contre Porphyre aurait été le gage.

Cette attribution a soulevé des objections[2]. Mais quelle que soit l’identité véritable de Pacatus, les fragments recueillis par Harnack chez Feuardent peuvent être annexés à ceux que lui ont livrés ses autres sources. Il y en a deux (le second et le troisième) que l’on est obligé de dégager de la réponse de Victor de Capoue, et dont la teneur littérale ne nous est pas connue.

Wilamowitz-Moellendorff a « énucléé » encore un morceau porphyrien des premières pages de la Préparation évangélique d’Eusèbe de Césarée (I, ii, 1 et suiv.).

Ces éléments (sauf les cinq passages des Pseudo-Polycarpiana de Feuardent, trouvés après coup) sont venus se grouper et s’ordonner dans le grand répertoire qu’a formé

  1. Éd. W. Baehrens, Leipzig, 1911, dans les Panegyrici latini, XII. C’est dans ce panégyrique qu’on lit au § 12 (Baehrens, p. 217), l’allusion fameuse à l’affaire priscillianiste et aux évêques bourreaux « qui assistaient de leur personne aux tortures et allaient repaître leurs yeux et leurs oreilles des souffrances et des gémissements des accusés ».
  2. W. Baehrens les a mises en relief dans un article de l’Hermès, t. LVI (1921), p. 443 et suiv. Latinus Drepanius Pacatus écrivait en un fort bon latin, tandis que les fragments offrent quelques tours irréguliers (mox pour mox ut ; propterea quasi pour propterea quod). Puis, il n’était déjà plus jeune en 389 (voy. Paneg. Theodosii, § 5). Harnack s’aventure donc quelque peu en admettant — pour prouver sa conversion tardive — que c’est encore lui qui, vers 431, songeait à raconter en vers la vie de saint Paulin de Nole (Epist. Uranii ad Pacatum, dans Patrol. lat., 53, 866).