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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/263

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Porphyre traitait avec sévérité le procédé de l’exégèse allégorique. On sait que, depuis saint Paul, l’usage constant des Églises, soit pour l’édification morale, soit pour la controverse et l’apologétique, avait vulgarisé parmi les chrétiens cette idée que le texte sacré était susceptible d’applications multiples, légitimement déduites de la lettre même. Cette façon d’entendre symboliquement les Écritures n’était pas nouvelle en soi. Les Juifs alexandrins en avaient largement usé. Philon pensait « que la lettre des saintes Écritures ressemble à l’ombre des corps et que les sens mystérieux qui s’en dégagent sont la vraie réalité[1] ». D’ailleurs, loin d’être étrangère aux habitudes d’esprit des Grecs, l’interprétation allégorique était devenue, au cours des siècles, partie intégrante de leur culture.

C’est surtout dans l’école catéchétique d’Alexandrie, au iiie siècle, avec Clément et Origène, que l’allégorie fut le plus consciemment érigée en système et le plus systématiquement utilisée.

Porphyre savait l’importance que les exégètes chrétiens attachaient à ce mode d’explication pour résoudre les difficultés de la Bible. Et il était bien aise de les frustrer d’une si précieuse ressource, en en disqualifiant non seulement l’abus, mais même l’usage. Voici ses observations qu’Eusèbe de Césarée a eu la bonne pensée de transcrire littéralement au VIe livre de son Histoire ecclésiastique[2].

Certaines gens, remplis du désir de trouver le moyen, non pas de rompre tout à fait avec la pauvreté des écritures judaïques, mais de s’en affranchir, recourent à des commentaires qui sont incohérents et sans rapport avec les textes et qui apportent, non pas une explication

  1. De Confus. linguarum, no 138 (Cohn et Wendland, II, 256).
  2. Chap. xix (trad. Grapin, dans la collection Hemmer-Lejay, t. II, p. 205).