Porphyre employait également l’allégorie dans sa Philosophie des Oracles[2] et dans ses Recherches homériques[3]. S’il l’interdit aux chrétiens, c’est par le même sentiment qui poussait ceux-ci à railler les stoïciens qui se travaillaient à prêter aux plus fâcheuses légendes une apparence plus ou moins philosophique : il ne veut pas qu’ils éludent les passages difficiles et compromettants, qu’il entend bien exploiter contre eux. C’est ainsi qu’il se refusait à tout transfert sur le plan spirituel de l’histoire d’Osée, s’unissant sur l’ordre de Yahweh à « une femme de prostitution[4] ». Il tenait à ce qu’on ne faussât ni ne transposât le « son » de l’Écriture en cet endroit, « volens scripturam sonare quod legitur », nous dit saint Jérôme.
Porphyre déclarait inauthentiques les écrits attribués à Moïse. « Il ne subsiste rien de Moïse, affirmait-il ; on dit que tous ses ouvrages ont été brûlés avec le Temple. Ce qui existe sous son nom a été composé onze cent quatre-vingts ans après sa mort, par Esdras, d’une façon peu exacte. Et ces écrits seraient-ils de Moïse, où le Christ y est-il désigné comme Dieu, Dieu-Logos ou Créateur du monde ? Qui a parlé de la crucifixion du Christ[5] ? » — J’ai dit que, pendant son séjour en Sicile, Porphyre avait composé une chronologie ; on peut soupçonner qu’il s’y était attaché à démentir les conclu-
- ↑ § 36 ; trad. Trabucco, p. 33.
- ↑ Éd. Wolff, p. 147 et suiv.
- ↑ Éd. Schrader, p. 99, 1 ; 114, 23.
- ↑ Osée, I, 2 ; cf. fragm. no 45. Saint Jérôme, à qui est dû ce texte, ne nomme pas expressément Porphyre, mais toutes les vraisemblances inclinent à admettre que c’est à Porphyre qu’il pense.
- ↑ Fragm. no 68.