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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/267

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pour les opprobres, pour la réprobation éternelle » (Daniel, XII, 2), n’était nullement, selon lui, une allusion à la résurrection des pécheurs et des élus. Le pseudo-Daniel y décrivait simplement la situation d’Israël au lendemain de la défaite d’Antiochus et de la mort d’Antiochus lui-même en Perse. Les Juifs qui avaient défendu la Loi, ensevelis jusqu’alors comme dans un sépulcre d’épreuves et de misères, se levèrent dans la jubilation d’une victoire inespérée, tandis que les traîtres à la Loi, les partisans d’Antiochus, furent voués à une éternelle honte[1].

Saint Jérôme, qui nous a conservé beaucoup d’extraits de l’argumentation de Porphyre dans le Commentaire qu’il composa lui-même sur Daniel en 406-8, conteste diverses interprétations[2]. Il lui reproche, en particulier, de n’avoir pas établi une distinction assez marquée entre le livre même de Daniel et les additions grecques, c’est-à-dire les épisodes de Suzanne, de Bel et du Dragon, qui n’existent pas dans l’hébreu et n’ont pas de valeur canonique[3]. Cependant, Porphyre indiquait des concordances si frappantes entre les péripéties du règne d’Antiochus et les « prophéties » très précises de Daniel, que Jérôme, tout en maintenant le point de vue traditionnel « ne omnia quae legimus umbrae videantur et fabulae », trahit quelque gêne par endroits[4]. Un exégète catholique, que nul ne soupçonnera de témérité, loue Porphyre d’avoir

  1. Fragm. no 43 W.
  2. Ibid., C ; E ; F ; J (Harnack a divisé ce très long fragment au moyen de lettres).
  3. « … Quae nullam Scripturae sanctae auctoritatem praebeant. »
  4. Ibid., I, 143 et suiv. : « Haec ille in sugillationem nostri artificiosissimo sermone composuit, quae etiamsi potuerit approbare non de Antichristo dicta, sed de Antiocho, quid ad nos qui non omnibus Scripturarum locis Christi probamus adventum et Antichristi mendacium ? »