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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/272

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IX

La doctrine que les chrétiens rattachent à l’enseignement du Maître, les rites dont ils lui attribuent l’institution, inspirent à Porphyre des répugnances non moins vives.

Comme Celse l’avait fait déjà[1], Porphyre reproche aux fidèles de s’attacher à une « foi irrationnelle[2] » et de la recommander aux autres. Si vraiment les choses divines ont été cachées, ainsi que le prétend saint Matthieu[3], aux sages et aux prudents pour être révélées aux petits, il aurait fallu, à ce prix, rendre plus clair et moins énigmatique ce qui était écrit pour les enfants et les êtres encore dénués de raison :

Si c’est aux sages que les mystères sont cachés, aux enfants en bas âge et encore à la mamelle que, contre tout bon sens, ils se laissent voir, le mieux est dès lors de rechercher avec ardeur la déraison et l’ignorance. La grande trouvaille du Christ sur cette terre, c’est d’avoir dissimulé aux sages le rayon de la science pour le dévoiler aux êtres privés de sens et aux nourrissons[4] !

Porphyre donne à titre de spécimen de ces fâcheuses obscurités la parabole où le royaume du ciel est assimilé à un grain de moutarde[5]. Il ne se met pas en peine d’en chercher une interprétation historique, et la déclare tout bonnement inintelligible :

  1. Contra Celsum, I, 29.
  2. Fragm. no 73, ἄλογος πίστις ; cf. fragm. no 1, l. 17, ἀλόγῳ καὶ ἀνεξετάστῳ πίστει.
  3. XII, 25.
  4. Fragm. no 52.
  5. Matth., XIII, 31-33.