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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/282

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historique. Comment a-t-il jugé le christianisme contemporain ?

Sur la vie des églises de son temps, il avait jeté des regards plus curieux et plus attentifs que Celse ne semble l’avoir fait. Il est d’ailleurs possible, on l’a vu, qu’il ait été catéchumène et qu’il ait même dépassé ce degré ; mais on ne saurait l’affirmer avec quelque certitude.

Porphyre savait la vitalité surprenante, la force d’expansion du christianisme dans la seconde moitié du iiie siècle. Pour essayer de mettre en échec la prédiction du Christ[1] d’après laquelle la fin du monde semble devoir survenir aussitôt que l’univers aura été totalement évangélisé, il constate que c’est désormais chose faite : l’Évangile a été prêché « dans les coins les plus reculés de la terre habitée[2] », sans que pourtant la redoutable échéance ait joué. Il faut que ce soit le chrétien Macarius Magnès qui proteste contre l’idée d’une propagation déjà si complète, vu que « il y a sept races d’Indiens qui vivent dans le désert du Sud-Est[3] et n’ont pas encore reçu la bonne nouvelle ; pareillement ces Éthiopiens du Sud-Ouest, qu’on appelle les Macrobes, et encore les Maurusiens, les peuplades qui habitent par delà l’Ister[4] ». Il n’est donc pas surprenant que le cataclysme soit toujours suspendu.

Porphyre a remarqué également les amples maisons (μεγίστους οἴκους) que les chrétiens se construisent ; ce sont de véritables temples où ils se rassemblent pour prier, alors qu’il leur serait loisible d’en faire autant dans leur propre demeure, puisqu’il est évident qu’où ils soient, Dieu les

  1. Matth., XXIV, 14.
  2. Fragm. no 13.
  3. Macarius paraît avoir écrit en Orient, sans doute en Syrie.
  4. Le Danube.