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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/283

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entend. De quel droit, dès lors, se moquent-ils des statues païennes et des autres manifestations sensibles de la piété populaire[1] ? — Ce témoignage est intéressant et corrobore utilement certaines données venues d’autres sources. Jusqu’à l’époque de Commode (180-192), il ne semble pas qu’il y ait eu d’églises, à proprement parler : on se réunissait dans des maisons privées. Mais c’est surtout à partir d’Alexandre Sévère (222-235) que se multiplièrent les édifices consacrés au culte chrétien[2]. Après le désastre de Valérien chez les Parthes (259), son fils Gallien prescrivit d’évacuer les « lieux de culte » des chrétiens[3]. Les bâtiments d’église étaient nombreux au moment des grandes persécutions du début du ive siècle[4]. Porphyre avait assisté à cette efflorescence et l’avait notée, non sans dépit.

Il est familier avec les catégories diverses entre lesquelles les croyants étaient répartis. À propos du « Pais mes agneaux, pais mes brebis », il écrit :

Je suppose que les πρόβατα (= les brebis), ce sont les fidèles (πιστοί) qui se sont avancés déjà jusqu’au mystère de la perfection (εἰς τὸ τῆς τελειώσεως προβάντες μυστήριον[5]), tandis que les « agneaux » signifient le groupe de ceux qui sont encore catéchumènes (τῶν ἔτι κατηχουμένων) et que l’on nourrit du tendre lait de la doctrine[6].

Il est également au courant de la hiérarchie catholique.

  1. Fragm. no 76.
  2. Lampride, Vita Alexandri Severi, § 41, a signalé un rescrit favorable de cet empereur au sujet d’un locus naguère publicus que les chrétiens avaient occupé pour un usage cultuel et que des popinarii (des cabaretiers) revendiquaient.
  3. Eusèbe, Hist. eccl., VII, 13 (Θρησκεύσιμος).
  4. Voy. la description que donne Eusèbe, Ibid., VIII, 1, 5 : « On ne se contentait plus des édifices d’autrefois, et dans chaque ville on faisait sortir du sol de vastes et larges églises. »
  5. C’est-à-dire jusqu’au baptême. Ce mot πιστοί (chrétiens accomplis) revient plusieurs fois chez Porphyre : voy. encore fragm. nos 73 ; 95 ; 97.
  6. Fragm. no 26.