Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seuil de la réfutation qu’il donna, vers 311-313, de l’écrit de Hiéroclès[1]. Il ne cite que Celse, comme source de cet ouvrage. Mais s’il eût mieux connu alors le pamphlet de Porphyre, qu’il devait un jour réfuter[2], il ne se serait pas mépris sur l’évidente parenté entre Porphyre et Hiéroclès. Lactance, qui ignorait pareillement Porphyre, ne s’est pas aperçu non plus des emprunts de Hiéroclès, et c’est une des raisons qui lui ont fait surestimer l’importance de son livre.

J’ai souligné dans le long morceau de Lactance les passages où cette affinité se découvre le plus sûrement. Contradictions de l’Écriture sainte ; critiques très vives exercées contre saint Pierre et saint Paul ; comparaison instituée entre Jésus et Apollonius de Tyane, tous ces traits, nous les avons déjà rencontrés chez Porphyre. Sans doute Hiéroclès avait-il développé avec une complaisance spéciale le parallèle du Christ et d’Apollonius, puisqu’Eusèbe l’entreprend longuement sur ce point particulier. Il dut contribuer pour sa part à transformer le héros de Philostrate en cette sorte de saint thaumaturge dont les païens se prévaudront avec orgueil tout au long du ive siècle. Quant à l’absurde donnée sur le Christ qui se serait fait brigand à la tête d’une troupe de neuf cents hommes, nous ne savons où il l’avait trouvée : pas chez Porphyre, je crois, car le sens critique était trop aiguisé chez celui-ci pour qu’il ait accueilli cette insanité.

  1. Contra Hieroclen, 1 (Patrol. gr., xxii, 796).
  2. Harnack (Chronol., II, 119) a eu tort de contredire sur ce point Valois, l’éditeur d’Eusèbe au xvie siècle : l’erreur d’Eusèbe prouve qu’il n’avait pas lié de bonne heure connaissance avec l’écrit anti-chrétien de Porphyre, comme le prétend Harnack. Il n’a pas connu non plus le florilège tiré de Porphyre qu’un excerpteur inconnu forma au début du ive siècle (voy. p. 247).