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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/318

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quand on a figure d’homme ». Mais il n’a pas rencontré, parmi eux, seulement des sceptiques et des jouisseurs ; il a vu aussi des fanatiques, d’une crédulité naïve, vite exaspérée[1], et dont il prévoit que la seule lecture de ses Institutions les jettera hors d’eux, leur donnera l’impression d’une souillure personnelle.

La mentalité de ces dévots est donc pareille à celle que signale Arnobe, ancien maître de Lactance.

Pour que certains esprits aient accepté, à l’égard des écrits cicéroniens, l’idée d’une mesure inquisitoriale aussi peu conforme au large éclectisme qui était de tradition à Rome, dans l’ordre religieux, il faut que l’inquiétude ait singulièrement grandi dans les milieux cultivés païens, du fait des progrès de la foi nouvelle. Le puissant effort antichrétien du début du ive siècle se comprendrait mal, si l’on ne tenait compte de ces graves préoccupations, qui engendrèrent les mesures décisives, ou crues telles, auxquelles l’État romain finit par se décider, après quelques atermoiements.

VIII

Les dispositions malveillantes des autorités rencontraient une complicité sournoise du côté du sacerdoce païen, que le christianisme menaçait dans son crédit séculaire, dans ses privilèges, dans son existence même.

Lactance raconte dans le De Mortibus Persecutorum[2] que malgré les excitations de Galère, Dioclétien hésitait à faire couler le sang des chrétiens. Ses conseillers eux-

  1. Ibid., V, i, 1 (inepte religiosis… nimia superstitione impatientes…).
  2. xi (Corp. Script. eccl. lat., XXVII, p. 185).