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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/319

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mêmes, qui le sentaient perplexe, étaient partagés. Alors il résolut de consulter les dieux et envoya un aruspice interroger l’Apollon de Milet. Celui-ci, affirme Lactance, répondit ut divinæ religionis inimicus ; et l’empereur ne pouvant résister tout à la fois à Galère, à ceux de ses amis qui étaient hostiles aux chrétiens, et à Apollon lui-même, prit le parti de sévir, sans toutefois se prêter d’abord aux cruelles méthodes que Galère lui suggérait et sut plus tard obtenir de lui.

Or, sur cette consultation de l’Apollon Milésien — autrement dit, de l’oracle du Didymeion — nous trouvons de curieux renseignements dans la Vie de Constantin, par Eusèbe de Césarée.

Au second livre de cet opuscule, Eusèbe a traduit du latin en grec une Lettre de Constantin à toutes les provinces sur l’erreur du polythéisme. Au début de son homélie, Constantin, après avoir loué son père, s’exprime en termes sévères sur l’aveuglement, la dureté d’âme de Dioclétien et de Maximin, qui ont allumé les flammes de la guerre civile. Et il rapporte, à ce propos, comment ce fut un oracle d’Apollon qui décida Dioclétien à déclencher la persécution. Il ne paraît guère douteux qu’il fasse allusion à la consultation mentionnée par Lactance[1].

Voici en quels termes (assez gauches) Constantin s’exprime :

On raconte qu’à cette époque Apollon aurait, du fond d’un antre, d’un réduit ténébreux (et non pas du haut du ciel), rendu un oracle, d’après lequel « c’étaient les justes qui se trouvaient sur la terre qui l’empêchaient d’annoncer la vérité, et qui faisaient mentir les oracles des trépieds ». C’est de ce mal répandu parmi les hommes que se plai-

  1. C’est l’avis de Mgr Duchesne, Hist. anc. de l’Église, t. II, p. 12, n. 1.