Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les cultes officiels conservaient leur statut légal, mais n’étaient plus obligatoires pour personne.

Les églises obtenaient la restitution intégrale, immédiate, de leurs biens confisqués en vertu de l’édit de 303.

Constantin ne se tint pas dans la stricte limite de ces dispositions réparatrices. Par la construction et la dotation de somptueuses basiliques ; par les immunités accordées au clergé catholique ; par la compétence juridique dévolue en certains cas aux évêques, il marqua sa faveur spéciale à l’Église catholique — cette Église où il ne devait entrer effectivement par le baptême qu’à son lit de mort.

Ses fils Constant et Constance continuèrent la même politique, en l’accentuant dans un sens plus rigoureux à l’égard du paganisme. De là un véritable épanouissement de la puissance spirituelle de l’Église et de sa prospérité matérielle. « Nous la voyons sortir comme d’un long hiver, consolider et développer ses cadres, discuter ses titres hiérarchiques, arrêter les lignes de ses dogmes, dresser les formules de sa foi, régler le culte, entourer les lieux saints des signes publics de la vénération, assurer des retraites sacrées aux âmes avides de perfection, donner à la moitié latine de l’Église une version plus fidèle de la Bible. Tous ces fruits sont la moisson du ive siècle[1]. »

Que le revirement des pouvoirs publics ait intimidé nombre d’ennemis du christianisme, qui en pourrait douter ? Pourtant, tout au long du siècle, le paganisme conserva de vigoureux centres de résistance, des sympathies agissantes ; et plus d’une fois les vicissitudes de la politique lui donnèrent l’espoir d’un nouveau coup de fortune qui, jouant

  1. Paul Lejay, dans la Rev. d’Hist. et de Litt. rel., 1900, p. 187.