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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/337

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à son bénéfice, renverserait une fois encore la situation.

C’est à cette phase suprême de la lutte anti-chrétienne que nous allons assister.

II

La formidable entreprise de Dioclétien avait eu — parmi d’autres résultats encore plus imprévus — celui de forcer les historiographes à ne plus ignorer (sauf dessein délibéré[1]) un mouvement capable de tenir en échec tout l’appareil gouvernemental conjuré contre lui.

Que le christianisme s’imposât désormais à l’attention, sinon au respect de tous, c’est ce que prouve assez bien l’attitude de certains des rédacteurs de l’Histoire-Auguste à son égard.

Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que l’Histoire-Auguste est une œuvre collective où sont racontées les vies des empereurs — et aussi celles des Césars et des usurpateurs — depuis Hadrien jusqu’à Numerianus (117-284). Les six auteurs de l’Histoire-Auguste semblent avoir eu pour objet, en écrivant ces biographies, de faire leur cour à Dioclétien, puis à Constantin, qui, à en croire certaines de leurs dédicaces, les leur auraient commandées. La tradition manuscrite en nomme six : Ælius Spartianus, Julius Capitolinus, Vulcacius Gallicanus, Trebellius Pollio, Flavius Vopiscus, Ælius Lampridius.

Pour qui les lit bénévolement, l’intérêt de ces Vies paraît consister dans les anecdotes plus ou moins piquantes qui y

  1. Voir plus loin, p. 356, le cas d’Aurelius Victor. G. Boissier (Fin du Pagan., II, 209) remarque que « le silence, un silence hautain et insolent » devint la dernière protestation du culte proscrit.