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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/340

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proposait de nommer, et justifiant son initiative par l’usage parallèle des juifs et des chrétiens, lors de la nomination de leurs prêtres[1].

En admettant que ces renseignements n’offrent que de peu sûres garanties, encore témoignent-ils de l’état d’esprit des narrateurs qui nous le donnent. Vopiscus, qui écrit probablement au lendemain de l’abdication de Dioclétien, n’a aucune raison de se montrer favorable aux chrétiens. Lampride, avisé rhéteur gaulois, en a bien davantage. De là certaines nuances que l’on observe dans son ton, et qu’il convenait de relever[2].

III

On peut dire que tout au long du ive siècle, et bien au delà, le paganisme recrutera ses plus énergiques défenseurs dans la noblesse et dans l’enseignement.

Saint Augustin remarque, dans ses Confessions, à propos du rhéteur Victorinus et de son éclatante conversion que « jusqu’à une époque avancée de sa vie, il était resté l’adorateur des idoles et participait aux mystères sacrilèges dont s’enthousiasmait alors presque toute la noblesse romaine » qui communiquait au peuple son goût pour les cultes exotiques[3].

La conversion de Victorinus dut se placer entre 353 et 357. Il est probable que, dans la seconde moitié du siècle, un certain nombre de grandes familles passèrent au chris-

  1. XLV, 6 (t. I, p. 287, l. 18).
  2. Voy. sur ce point Geffcken, dans l’Hermès, t. LV (1920), p. 279 et s. ; Homo, dans la Revue Historique, mai-juin 1926, p. 29 et s.
  3. Conf., VIII, 2, 3.