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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/342

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grammairiens, de rhéteurs perpétuaient dans les écoles le culte de l’ancienne littérature et de la vieille religion, avec l’attachement obstiné du métier, comme autant de Chateaubriands païens « en extase devant le génie du Paganisme[1] ». En Orient surtout, leur rôle était prépondérant[2]. Les chrétiens savaient l’influence qu’ils exerçaient sur la jeunesse et ne leur ménageaient pas les épithètes irritées. L’auteur anonyme d’un ouvrage à tendances ariennes, l’Opus imperfectum in Matthaeum, traite ces intellectuels d’ « hommes pleins de l’esprit immonde, tout gonflés de verbalisme, et dont le cœur est une source d’eau morte[3] ».

En fait, le haut enseignement resta entre les mains des païens jusqu’à la fin du ve siècle ; et ce fut là une des raisons les plus efficaces de la persistance de l’ancienne foi dans les classes cultivées, en dépit de tant d’édits impériaux et de mesures rigoureuses, dont certaines connivences amortissaient souvent les effets.

Quand un essai de résistance se dessinait ici ou là contre les entreprises chrétiennes, il n’était pas rare que des lettrés en fussent les instigateurs les plus actifs. Voici un exemple qui est de l’époque de Théodose.

Une sédition éclate, en 389, à Alexandrie. Des éléments chrétiens ont attaqué le temple de Sérapis et un Mithraeum, et exhibé publiquement les verenda qu’y adoraient les païens. Ceux-ci se révoltent contre cet attentat, « surtout les philosophes ». Il y a de part et d’autre beaucoup de

  1. Constant Martha, Études mor. sur l’Antiq., p. 260. Nous avons déjà signalé l’action antichrétienne de certains lettrés dès le début du ive s. (p. 304).
  2. P. Allard, Julien l’Apostat, II, 350 ; Diehl, dans Hanotaux, Hist. de la Nation Égyptienne, Paris, s. d., t. III [1932], p. 33.
  3. Patrol. gr., 56, 745 ; comp. 765 bas et 776 bas.