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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/343

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morts et de blessés. L’empereur ne veut pas sévir, dans un dessein d’apaisement ; mais il ordonne la destruction totale des temples qui ont été l’occasion de l’émeute. Un matin, le philosophe Olympius entend une voix qui chante l’Alleluia dans le Serapaeum : il comprend dès lors que la partie est perdue, et il quitte la ville sur un navire, sans esprit de retour[1].

IV

Faut-il nécessairement soupçonner d’inintelligence ou de mauvaise foi ces irréductibles partisans, ainsi réfugiés dans l’asile de leurs souvenirs littéraires, et dont beaucoup se livraient à des surenchères de dévotion superstitieuse ? Il est plus équitable de se représenter quelques-unes des causes de leurs répugnances, que certaines insistances chrétiennes, parfois maladroites, aggravaient jusqu’à les rendre invincibles.

Remarquons en premier lieu qu’ils avaient été élevés dans le culte du bien-dire. Le goût de la forme, le souci de la phrase harmonieuse et de l’ingéniosité dans l’expression, étaient la marque même des esprits qui avaient passé par le cycle de ces studia liberalia dont Quintilien avait naguère si fortement défini la tâche et le programme. Et à mesure que la culture latine se sentait plus menacée, les lettrés s’attachaient plus anxieusement à écrire d’une façon

  1. Cassiodore, Hist. trip., IX, 27 (Patrol. lat., 69, 1143), d’après Sozomène VII, 15. Rufin, H. E., ii, 22 appelle ce philosophe « Olympus ». — Noter aussi les discussions de saint Antoine avec des philosophes qui viennent le relancer au désert et, par le moyen d’un interprète (Antoine ne parle que le copte), le somment de fournir des raisons valables de sa foi au Christ (Vita Antonii, de saint Athanase, 74 et s. Patrol. lat., 26, 945). — Sur la légende d’après laquelle certains philosophes auraient pris part aux débats du Concile de Nicée, voy. Jugie, dans Échos d’Orient, 24 (1925), 403 et s.