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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/350

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Vesta, de prêtre du Soleil, de quindecemvir, de curiale d’Hercule ; il y est appelé aussi « initié à Liber et aux Éleusinies, hiérophante, néocore (c’est-à-dire inspecteur des temples), taurobolié, père des pères[1]. » — La femme, c’est Aconia Fabia Paulina, clarissime, « consacrée à Cérès et aux Éleusinies, consacrée à Hécate, en son sanctuaire d’Égine, tauroboliée, hiérophante (hierophantria)… » La pièce continue par un bel éloge que fait Aconia Fabia Paulina des vertus et des dons intellectuels de son mari défunt. Puis elle ajoute :

Mais tout cela est peu de chose ! C’est toi qui, myste pieux, recèles dans le secret de ton cœur les vérités révélées grâce aux initiations saintes, et qui, docte connaisseur (des choses célestes), honores la puissance multiforme des dieux, associant avec bonté ta femme aux cérémonies sacrées, (ta femme) confidente des dieux et des hommes, ta fidèle compagne.

Pourquoi parler des honneurs, de l’influence, des joies que convoitent les vœux humains ? Tu les as toujours tenues pour caduques et chétives. Prêtre des dieux, tes bandelettes te placent haut devant l’opinion. Et c’est toi, ô mon époux, qui, grâce à de bienfaisantes disciplines, affranchissant de la condition mortelle ma pureté, ma pudeur, me conduis dans les temples et me voues aux dieux comme servante. Je suis, sous tes yeux, initiée à tous les mystères ; c’est toi, ô mon pieux compagnon, qui honores en moi la prêtresse de la déesse de Dindyme[2] et d’Attis, en m’initiant (au sang) du taureau ; tu m’enseignes le triple secret, (à moi) prêtresse d’Hécate ; tu me prépares à devenir digne des mystères de Cérès, la déesse grecque. Grâce à toi, tous célèbrent mon bonheur, ma piété ; car tu t’en vas partout vantant mes vertus ; et d’ignorée que j’étais, ma réputation se répand dans tout l’univers.

Trop heureuse elle eût été (continue-t-elle) si son mari lui avait survécu ; mais, heureuse elle se juge tout de

  1. La plus haute dignité de la hiérarchie mithriaque : voy. Wissowa, Rel. und Kultus der Römer, 2e éd., p. 370.
  2. Cybèle.