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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/36

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V

Le 19 juillet de l’année 64, un incendie se déclara à Rome, non loin de la porte Capène, dans la partie du grand cirque contiguë au mont Palatin et au mont Cœlius. Le feu trouva un facile aliment dans les boutiques de petits négociants, de parfumeurs, de droguistes qui pullulaient de ce côté de la ville ; il parcourut toute la longueur du cirque, dévasta le quartier commerçant du Vélabre, le Forum, les Carines (à l’extrémité ouest de l’Esquilin), attaqua le Palatin, redescendit dans les vallées, et ne put être arrêté qu’après six jours et sept nuits, au pied des Esquilies.

Les vigiles romains, dont le matériel était inégal à un tel fléau, avaient usé de leur procédé coutumier : ils avaient fait le vide devant l’incendie, en abattant quantité de maisons.

Le fléau se ranima pourtant auprès d’une propriété qui appartenait à Tigellin (le favori de Néron), et il exerça ses ravages pendant trois jours encore dans des quartiers moins denses, mais où s’élevaient de nombreux monuments. Le 28 juillet seulement, il fut enfin maîtrisé. Des quatorze régions entre lesquelles Auguste avait divisé la ville, trois étaient anéanties, quatre seulement restaient intactes, et les pertes en vies humaines furent terriblement lourdes.

Naturellement la question des responsabilités se posa tout de suite devant l’opinion. Tacite, qui a tracé un tableau pathétique du désastre au XVe livre de ses Annales, laisse