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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/366

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honnêtes. Recueillant, en effet, les ossements et les têtes de misérables que leurs nombreux crimes avaient fait condamner par les tribunaux des cités, ils les présentaient comme des dieux, ne quittaient plus ces monuments, et s’imaginaient qu’à se vautrer sur des sépulcres ils devenaient meilleurs. Ils les appelaient « martyrs », « diacres », « messagers[1] » des prières envoyés par les dieux, alors qu’ils n’avaient été que des esclaves, sans cesse roués de coups de fouet et tout sillonnés des cicatrices que leurs perversités leur avaient values.

Et la terre souffre de pareils dieux ! Antonin avait bien dit que les temples deviendraient des tombeaux : sa réputation de prescience en reçut un accroissement d’éclat.

Dans sa notice sur Maxime, conseiller et ami de l’Empereur Julien, Eunape est amené à parler d’un hiérophante des Déesses adorées à Éleusis (c’est-à-dire de Déméter et de Perséphone), qu’il avait entendu prédire la destruction des temples, la ruine de la Grèce, et la fin prochaine du culte d’Éleusis[2] sous les coups d’Alaric.

Peu après, en effet, survinrent d’inexplicables désastres. J’en ai décrit quelques-uns d’une façon plus détaillée dans mon Histoire, et j’en raconterai d’autres encore, st la Divinité le permet. Ce fut à cette époque qu’Alaric envahit la Grèce par les Thermopyles, aussi aisément que s’il avait traversé un stade ouvert ou une plaine accessible à la cavalerie[3]. Ces portes de la Grèce lui furent livrées par l’impiété de ces hommes vêtus de robes sombres qui y pénétrèrent sans obstacle avec lui[4], et par ce fait que les lois et les obligations prescrites par les oracles des hiérophantes avaient été déchirées.

Mais tout cela n’arriva que plus tard, et c’est la mention de cette prophétie qui a fait dévier ma narration.

Il est possible, mais non certain, qu’il fasse allusion à

  1. πρέσβεις.
  2. Éd. Boissonade, p. 476, l. 10 et s.
  3. Comp. Claudien, De Bello Getico, vers 187-188 : Primo conamine ruptae | Thermopylae.
  4. Zosime, peu favorable lui-même aux chrétiens, n’impute cet échec qu’à la complicité ou à la lâcheté de Gérontius, chargé de couvrir les Thermopyles, et du proconsul d’Achaïe, Antiochus (V, 5, 5).