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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/371

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tueux des croyances d’autrui, à en juger par ses propres déclarations :

Je n’interdis point l’entrée des écoles (païennes) aux jeunes gens qui voudraient les fréquenter. En effet, il ne serait ni naturel ni raisonnable de fermer la bonne voie à des enfants qui ne savent pas encore de quel côté se diriger, et cela par crainte de leur faire suivre sans un libre choix nos traditions ancestrales. D’ailleurs, on aurait le droit de les guérir, comme on guérit les frénétiques, sans leur permission, mais bien entendu en leur pardonnant à tous leur maladie ; car, à mon avis, il faut éclairer les gens qui déraisonnent, et non les punir[1].

Pour persuader les hommes et les instruire, il faut recourir à la raison et non aux coups, aux outrages, aux supplices corporels. Je ne puis trop le répéter : que ceux qui ont du zèle pour la vraie religion ne molestent, n’attaquent ni n’insultent la foule des Galiléens. Il faut avoir plus de pitié que de haine pour ceux qui ont le malheur d’errer en si grave matière. Si la religion est en vérité le plus grand des biens, par contre l’impiété est le plus grand des maux[2].

Mais ses actes répondirent-ils à ces affirmations à la fois dédaigneuses et rassurantes ? Il ne peut être question de retracer ici l’histoire de sa politique religieuse. Il suffira de rappeler quelques faits, choisis parmi les plus significatifs.

Ammien-Marcellin, qui avait guerroyé avec Julien en Orient et lui avait voué une admiration nullement aveugle[3], parle de sa genuina lenitudo[4] et paraît chercher à garantir aux lecteurs des Res Gestae la droiture des intentions de son empereur[5]. Il se peut, en effet, que ses premières

    rare et belle alliance. Il a donné au monde ce spectacle unique d’un fanatique tolérant. Nourri dans la violence romaine et dans la cruauté byzantine, il semble n’avoir appris que le respect de la vie humaine et le culte de la pensée. »

  1. Bidez, no 61, p. 75.
  2. Bidez, no 114, p. 195.
  3. Voir les réserves qu’il formule sur l’édit contre les professeurs chrétiens (XXV, ix, 20).
  4. XXV, iv, 9.
  5. Voy. XXI, v, 1-5.