Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mesures en faveur des temples païens, dont Julien ordonna la réouverture et auxquels il voulut que leurs biens fussent restitués, n’aient été dans sa pensée que d’équitables réparations. N’avait-il pas admis à sa cour, malgré les épurations qu’il avait pratiquées dans le personnel dont s’était entouré Constance, des chrétiens comme Aetius ou Proheresius ? On ne saurait non plus l’accuser en toute certitude d’hypocrite perfidie pour avoir amnistié les évêques orthodoxes exilés par son prédécesseur. Ce pouvait être assurément une façon détournée de raviver parmi les chrétiens les furieuses querelles de naguère[1]. Mais ce pouvait être aussi simple vœu de se ménager le bon vouloir de tous ceux qui, chrétiens ou païens, avaient pâti du fait de Constance[2]. D’ailleurs, s’il permettait aux évêques de rentrer dans leur patrie, il ne leur rendait pas pour autant les sièges dont ils avaient été dépossédés[3].

Avait-il réellement espéré que les restitutions prescrites (souvent fort délicates au point de vue juridique) et que le spectacle des temples restaurés ne soulèveraient aucune résistance, aucune difficulté grave ? Une telle imprévoyance ferait plus d’honneur à sa générosité d’âme qu’à son sens politique. En fait, il y eut des protestations véhémentes, des émeutes, des statues détruites[4], des temples saccagés ou incendiés[5]. Et Julien eut le déplaisir de constater, qu’en plus d’un cas, c’étaient les évêques tirés d’exil par ses

  1. Telle est l’interprétation fournie par Rufin, H. E., X, 27 ; Socrate, III, 1, 18 ; Théodoret, III, 4, 1.
  2. C’est l’avis de Sozomène, V, 4, 8 ; 5, 1 et de Philostorgue, VII, 4 (p. 81, 7, éd. Bidez).
  3. Bidez, no 110, p. 187.
  4. Par exemple à Merus, en Phrygie (Socrate, Hist. Eccl., III, 15 ; Sozomène appelle Mésos la ville en question).
  5. À Césarée de Cappadoce (Sozomène, V, 4), à Daphné, près d’Antioche (Ammien-Marcellin, XXII, viii, 1 et s.), etc.