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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/376

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destituer le gouverneur de la Palestine pour avoir voulu sévir contre les auteurs d’une échauffourée où quatre chrétiens avaient péri[1].

III

On aurait d’ailleurs grand tort de s’imaginer que ces injustices et ces violences lui fussent commandées par de froids calculs. La haine dont Julien était animé à l’égard du christianisme puisait sa source, ou sa flamme, dans un état d’esprit très particulier qu’il importe de définir avant d’étudier sa polémique, non plus légale et quasi-officielle, mais proprement littéraire.

« Il n’avait jamais été Galiléen que par force, a écrit Anatole France[2], et, tout jeune, il détestait le christianisme comme la religion de ses oppresseurs et des meurtriers de sa famille. »

Alfred de Vigny, d’autre part, dans son Daphné, représentait un Julien dont la foi n’aurait cédé qu’après de longues perplexités. C’est Libanius qui est censé parler à saint Basile[3].

Tu l’as rencontré bien désespéré à Nicomédie, Basile : eh bien ! les combats intérieurs qu’il livrait à sa croyance n’étaient pas encore achevés lorsque Jean le vit à Athènes dix ans après. Son amour du Christ luttait encore dans son cœur, et partout il le retrouvait, jusque dans les cris de Prométhée.

La vérité, c’est que nous savons mal dans quels senti-

  1. Voir les faits groupés par P. Allard, Julien l’Apostat, t. III (Paris, 1903), p. 85 et s., et Bidez, Vie de l’Empereur Julien, p. 232.
  2. La Vie littéraire, IV, p. 255.
  3. Daphné, p. 119.