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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/377

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ments Julien avait accepté l’éducation chrétienne qui fut imposée à sa jeunesse par Constance, le meurtrier des siens. On voit bien, à ses confidences[1], quel triste souvenir lui laissaient ces années de régime claustral, sans nulle tendresse auprès de lui (son frère Gallus avait des goûts assez grossiers et tout différents des siens), avec l’impression accablante de la surveillance qu’exerçait de loin sur lui la politique ombrageuse et facilement cruelle de Constance. Il rend pourtant justice à tel de ses anciens maîtres, comme l’eunuque scythe Mardonius, qui le prit à huit ans et sut l’habituer à l’effort, à une austérité de discipline dont il reconnaît le bienfait. Mardonius ne lui permettait d’ailleurs aucun plaisir. Quand les camarades de Julien venaient lui raconter les belles représentations qu’ils avaient vues au cirque ou au théâtre, Mardonius le renvoyait, en compensation des divertissements dont il le frustrait, aux luttes sportives décrites dans l’Iliade ou aux danses de la jeunesse phéacienne dans l’Odyssée[2] ! Julien laisse entendre d’un mot ses révoltes secrètes devant des contraintes si rigoureuses[3]. Parmi les pédagogues chargés de l’endoctriner, il y en avait dont le caractère était peu propre à lui inspirer du respect : par exemple, cet Hekebolius que Constance désigna pour lui enseigner la rhétorique et qui oscillait, selon le vent du jour, du paganisme au christianisme, — païen d’abord, puis chrétien, puis redevenu païen en 361 et chrétien de nouveau en 363 ; ou encore l’évêque arien Georges de Cappadoce, ancien fournisseur de viande de porc aux armées, un brouillon et un sectaire,

  1. Cf. la Lettre au Sénat et au peuple d’Athènes, p. 271-272 (Hertlein).
  2. Misopogon, p. 351 D.
  3. Ibid., p. 351 C (… ὅπερ ἐγὼ μὲν οὐκ ἐβουλόμην τότε).