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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/383

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reuse, presque sacrilège, et Jamblique crut devoir infliger à son ancien maître, de qui il avait naguère reçu la dédicace du traité sur le Connais-toi toi-même, le désaveu indirect de certaines réfutations.

Ces chimères absurdes, ces ajustements artificiels valurent à Jamblique l’admiration éperdue d’un groupe de fidèles, dont on peut mesurer l’exaltation dans la correspondance d’un sophiste contemporain, commentée par J. Bidez à la suite des Lettres de Julien[1]. L’âme sentimentale et enthousiaste de Julien y trouva un enchantement. Il acheva de se délier de ses premières croyances (sans doute au cours de l’hiver de 351-352), mais ne renonça pas toutefois aux pratiques extérieures, ce qu’il n’eût pu oser sans se créer de graves difficultés du côté de la Cour. Dix ans après, en Gaule, il jugera politique d’assister de sa personne aux fêtes de l’Épiphanie, le 6 janvier 361, « feignant d’adhérer au culte chrétien, dont il y avait beau temps qu’il était secrètement détaché[2] ». Il se fit initier, semble-t-il, au culte de Mithra dès l’époque de son séjour en Gaule, entre 355 et 360[3]. Plus tard, il le sera peut-être aux mystères d’Éleusis[4] et recevra aussi le baptême sanglant du taurobole[5]. L’esprit de son temps, avide de superstitions et de sciences occultes, revit en lui tout entier.

« Le système de Plotin, remarque J. Bidez[6], n’était pas

  1. P. 233 et s.
  2. Ammien-Marcellin, XXI, ii, 4-5 (… a quo iampridem occulte desciverat).
  3. Cumont, Textes et mon. relatifs au culte de Mithra, II, 357 ; cf. Grégoire de Nysse, Or., IV, c. 31 et 55 ; Sozomène, H. E., V, 2, 5.
  4. Eunape, Vitae Sophist. (p. 52, éd. Boissonade). Le texte d’Eunape n’est pas décisif.
  5. Grég. de Naz., Or., IV, 52 (Patrol. gr., 35, 576).
  6. Bull. de l’Acad. royale de Belgique, classe des Lettres, 1916, p. 446. Comp. le même auteur, les Comptes rendus de l’Acad. des Inscr., oct.-déc. 1927, p.