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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/391

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doctrine. Et M. Bidez ajoute : « Julien devait-il en arriver jamais à fixer dans un credo toutes les propositions qu’un Hellène n’avait plus le droit de mettre en doute, et en même temps se serait-il mis à énumérer les erreurs dignes d’anathèmes ? Je n’oserais pas le nier. Il semble bien qu’au moment où il mourut, il s’était engagé fort avant déjà dans les voies d’un dogmatisme intransigeant[1]. »

Renan avait éprouvé la même impression et conçu la même crainte. Il écrivait spirituellement en 1884 dans ses Nouvelles études d’histoire religieuse[2] : « Si le rétablissement du paganisme ne devait servir qu’à relever les grossières superstitions dont on voit cet empereur sans cesse préoccupé, on ne comprend guère qu’un homme de tant d’esprit se soit donné pour d’aussi plates folies le mauvais renom d’apostat. » Déjà Auguste Comte, dans son Discours sur l’ensemble du positivisme[3], sur un ton autrement compassé, avait proposé « la solennelle réprobation simultanée des trois principaux rétrogradateurs (sic) que nous offre l’histoire, Julien, Philippe II et Bonaparte, le premier plus insensé, le second plus nuisible, le troisième plus coupable » ; et il voulait commémorer leur souvenir détesté dans une « fête des réprouvés » qu’il plaçait au 5 mai de chaque année !

IX

On comprend en quelle déplaisance Julien tenait le christianisme, seul obstacle sérieux à ses desseins réforma-

  1. Bull. de l’Acad. royale de Belgique, classe des Lettres, 1914, p. 434 ; cf. Vie de l’Empereur Julien, p. 253 et 266.
  2. P. 29.
  3. Paris, 1848, p. 99.