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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/399

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Médiocres du fait de leur formation, les chrétiens sont aussi de mauvais citoyens. Ils ont déserté les rangs de l’hellénisme[1] ; ils ont abandonné ses douces lois pour des lois sauvages et barbares[2], méprisé les traditions de leurs pères[3]. Leur impiété[4] a fait d’eux des ingrats[5], et pour tout dire des athées[6].

Tel est le point de vue où s’établit Julien, et qui, d’ailleurs, lui est familier aussi dans ses autres écrits. Pitié, mépris, indignation, voilà les sentiments qu’éveillent en lui les « Galiléens ». Il les brimera, si cela est nécessaire. Il consent, avec un peu de dégoût, à essayer de les guérir, en leur montrant le néant de leurs « prétendus dogmes[7] » ; et il sonne le ralliement autour de la culture gréco-romaine, menacée par un nouveau genre de barbarie[8].

XIII

Julien relève d’abord la fausse notion qu’ils se forment de Dieu, ou plutôt de la manière dont Dieu se communique aux hommes[9]. Il n’est pas besoin pour cela, comme les Galiléens le supposent, d’un « enseignement » — c’est-à-dire d’une révélation. L’idée de Dieu est immanente à la nature humaine ; c’est ce qui explique son universalité.

  1. ἀποστάντες, p. 219, 2 ; cf. p. 207, 5 et 12.
  2. P. 198, l. 16.
  3. τὰ πατρία, p. 207, 11. Sur cette expression qui revient si souvent chez Julien, voir Neumann, dans Theolog. Literaturzeitung, 1899, 303.
  4. ἀσεβεία, p. 207, 13 ; 234, 13, etc.
  5. P. 200, 7 ; cf. 202, 9.
  6. P. 164, 16 ; 205, 6, etc.
  7. P. 163, l. 7.
  8. Dès la seconde moitié du iie siècle, Celse avait signalé la révolte chrétienne contre la culture traditionnelle (ap. Origène, C. Celsum, III, 55 ; 75 ; 78 ; VI, 14).
  9. Neumann, p. 165, l. 1 et s.