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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/398

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Galiléens » — c’est par cette affirmation qu’il ouvre son traité[1] — est pour lui une invention (πλάσμα) combinée par la méchanceté des hommes. Il ne contient « rien de divin ». Il s’adresse à la partie irrationnelle de l’âme, celle qui aime les fables, les contes puérils, et il l’achemine à tenir pour vraie cette absurde « tératologie ».

Les mots de « fable », de « mensonge », d’ « irrationnel », sont de ceux qui reviennent le plus volontiers sous la plume de Julien[2]. Le christianisme peut être considéré comme une maladie de l’intelligence (νόσος, νοσήμα).

Et cette maladie provient d’un fléchissement de la culture salvatrice dont les païens lettrés gardent le privilège. Trop fidèles à leurs premiers maîtres, lesquels n’étaient que de simples pêcheurs[3], les chrétiens se contentent d’une religion « rustique[4] ». Les vrais intellectuels sont rares parmi eux[5]. Or la παίδεια, la culture hellénique, a des vertus ennoblissantes, dont l’âme ressent aussitôt le bénéfice[6]. L’étude assidue des Livres Saints fait des bavards et des maniaques[7], tandis que le commerce des bons auteurs, si c’est une nature bien disposée qui le noue, devient un ferment d’amélioration morale, et prépare une élite pour les plus utiles métiers. Les « Galiléens » vouent à Satan cette littérature où se nourrissent les talents ; c’est qu’ils se doutent que de la fréquenter amène une désaffection certaine de leurs croyances[8].

  1. Neumann, p. 163, ligne 2.
  2. μυθώδης, τὰ παράδοξα, ἀνόητος, μῦθος, ψεῦδος, etc.
  3. Cf. Grég. de Nazianze, Or., V, 25, 30.
  4. Ép. 90 (Bidez, p. 174, l. 16).
  5. Préface du De viris illustr., de saint Jérôme.
  6. Neumann, p. 205, 11.
  7. P. 206, 9.
  8. Neumann, p. 205, 5.