Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et plus satisfaisante ! Le monde éternel, le Dieu suprême créant le monde intelligible, tandis que les choses sensibles et les êtres mortels doivent l’être à d’autres principes créateurs[1]

Le Dieu de Moïse, qui est censé avoir formé l’univers, a choisi la nation juive à l’exclusion des autres, il ne s’occupe que d’elle, n’a de sollicitude que pour elle :

Pendant des myriades ou, si vous préférez, des milliers d’années, (ce Dieu) laissa dans une pareille ignorance les adorateurs des « idoles », comme vous dites, depuis les lieux où le soleil se lève jusqu’à ceux où il se couche, depuis les Ourses jusqu’au Midi, à l’exception d’une chétive race qui habitait depuis deux mille ans à peine une partie de la Palestine. S’il est le Dieu de tous, le Créateur de toutes choses, pourquoi a-t-il fait de nous si peu de cas[2] ?

Si Dieu n’a rien fait pour l’amélioration morale et physique des peuples, sauf celui-là, quelle gratitude ces peuples lui doivent-ils[3] ? Selon la doctrine de l’hellénisme[4], au contraire, le Démiurge est le Père, le Roi commun de tous les êtres. Il ne réserve pas à une race unique ses bénédictions, mais il répartit les nations entre les dieux « ethnarques » et protecteurs, chargés de veiller sur elles. Et chacun de ces dieux a ses attributions, sa sphère d’action. De là la diversité des tempéraments nationaux ; de là aussi la diversité des langues, que Moïse croit expliquer par la légende de la Tour de Babel, qu’il est impossible de se représenter d’une façon tant soit peu

  1. Il songe à Hélios et à Attis. Voir le IVe et le Ve discours.
  2. Neumann, p. 178, 7 et s. Comp. Celse, ap. Origène, IV, 7 ; VI, 78 et Porphyre, fragm. 81 dans le répertoire de Harnack, Abhandl. d. pruss. Ak. d. Wiss., 1916, no 1.
  3. P. 184, 17
  4. οἱ ἡμέτεροι, « les nôtres ».