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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/402

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réaliste sans qu’elle se décèle absurde et invraisemblable[1].

Cette fable si évidemment fausse, vous la tenez pour vraie ; vous supposez de Dieu qu’il eut peur de la violence meurtrière des hommes et que, pour cette raison, il descendit sur terre brouiller leurs langues. Et après cela, vous osez vous vanter de la science que vous avez de Dieu !

En réalité, continue Julien, à supposer que le Dieu prêché par Moïse soit vraiment le démiurge de l’univers, nous avons de lui, nous autres, une conception plus haute, en soutenant qu’il est le maître commun de tous les hommes, et que d’autres dieux placés sous ses ordres, tels les gouverneurs d’un roi, sont préposés aux diverses nations, chacun avec sa province spéciale, plutôt que de faire de lui comme un dieu partiel, rival des dieux qui lui sont subordonnés[2].

Julien passait ensuite à la Loi mosaïque, l’ « admirable » loi de Moïse, ainsi qu’il la qualifie ironiquement[3].

Le Décalogue ne contient, en somme, que des préceptes fort élémentaires dont l’observation — un fort petit nombre mis à part — s’impose à toutes les nations, sous des peines quelquefois plus rigoureuses que celles que Moïse a édictées. Mais Moïse présente son Dieu comme un dieu « jaloux » qui interdit d’adorer d’autres dieux que lui. Singulière épithète ! Pourquoi ce dieu jaloux a-t-il permis que les autres nations adorent, en fait, d’autres dieux que lui-même ? Est-ce parce qu’il n’a pas pu les en empêcher, ou parce qu’il ne l’a pas voulu ? Puis, qu’est-ce

  1. P. 183, 2.
  2. Neumann, p. 187, 11 et s.
  3. P. 188, 6.