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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/406

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Ils n’ont su prendre aux Juifs que ce qu’il y avait en eux de moins bon, leurs fureurs, leur humeur âcre[1] !

Vous jetez bas les temples et les autels ; vous égorgez non seulement ceux qui, parmi nous, restent fidèles aux enseignements de leurs pères[2], mais aussi, parmi ceux qui errent comme vous errez vous-mêmes, les hérétiques, parce qu’ils n’adorent pas le mort[3] de la même façon que vous. Mais ce sont là choses de votre invention : car nulle part ni Jésus, ni Paul ne vous ont transmis ni ordonné de telles manières de faire.

Singulière idée qu’ont eue les chrétiens de se solidariser historiquement, comme ils l’ont fait — au prix d’une ingratitude envers les dieux —, avec un petit peuple dont les destinées ont été si médiocres, quelquefois si humiliantes, et qui est demeuré si en retard au point de vue de la culture, encore que le « misérable Eusèbe[4] » prétende qu’il y eut chez les Juifs des poèmes en vers hexamètres, et même une logique, — cette science qui décèle son origine rien qu’à son nom ! Les Juifs se prévalent de Salomon. Mais Salomon n’a-t-il pas été séduit, trompé par une femme ? Quelle fâcheuse fortune pour un sage ! En fait, la science est toute grecque[5]. Que les chrétiens se gardent d’y toucher ! Qu’ils se contentent des Écritures ! Ils y laisseraient leur foi. Protégés par les divers dieux, tous les arts s’épanouissent parmi les Hellènes, statuaire, peinture, économie domestique, médecine. Julien lui-même — il en atteste les dieux — a été maintes fois guéri par les remèdes dont Asclépios lui a suggéré l’emploi.

  1. τὴν πικρίαν (p. 199, 8).
  2. τοῖς πατρῴοις (p. 199, 9).
  3. C’est-à-dire le Christ.
  4. L’historien Eusèbe de Césarée ; cf. Praepar. Evang. XI, 5, 5 où il est dit que Moïse et David écrivirent en vers héroïques.
  5. P. 204, 12.