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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/407

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La situation des chrétiens entre les Hellènes et les Juifs est, en somme, fort équivoque et dommageable. D’une part, ils ont renoncé aux institutions traditionnelles[1] des premiers ; et d’autre part, ils ne suivent plus les préceptes rituels des Juifs, si propres à favoriser une vie véritablement religieuse. De là, chez eux, une démoralisation dont saint Paul lui-même porte témoignage dans sa Lettre aux Corinthiens, ce qui prouve qu’elle a commencé de bonne heure[2]. Et, soulignant le verset où l’Apôtre, après avoir énuméré les vices dont nul chrétien ne doit se souiller, ajoute : « Cela, quelques-uns de vous l’ont été, mais vous avez été loués, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom de N.-S. Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu[3] », Julien observe ironiquement :

Voilà donc une eau qui est capable de nettoyer, de purifier, car elle coulera jusqu’à l’âme. Le baptême, en effet, ne guérit ni la lèpre du lépreux, ni les dartres, ni les boutons farineux, ni les verrues, ni la goutte, ni la dysenterie, ni l’hydropisie, ni le panaris, ni aucun désordre physique, grand ou petit ; il chasse l’adultère, le vol, en un mot tous les péchés de l’âme !…

Les Galiléens expliquent ainsi leur position : ils conviennent qu’ils diffèrent des Juifs, mais affirment que ce sont eux qui sont restés les vrais Israélites, en plein accord avec les prophètes d’Israël, et spécialement avec Moïse.

C’est ce prétendu accord qu’il convient d’examiner.

Ils veulent que Moïse ait prédit le Christ. Il n’est que de comprendre les textes dont ils font état pour s’apercevoir que ces textes ne sauraient s’appliquer au fils de Marie.

  1. ἀπολιπόντες τὰ πάτρια (p. 207, 10).
  2. P. 208, 20. Cf. I Cor., VI, 9-11.
  3. Ibid., I, VI, 11.