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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/415

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du premier jour de la semaine ; d’après saint Marc, elles vinrent en plein jour, alors que le soleil était déjà levé ; chez Matthieu, elles voient un ange ; chez Marc, un jeune homme ; chez Matthieu, elles s’en vont annoncer aux disciples la nouvelle de la résurrection du Christ ; chez Marc, elles se taisent et n’en parlent à personne[1].

Aussi, Julien, pour bien souligner l’invraisemblance de cette résurrection, emploie-t-il à plusieurs reprises le mot ὁ νέκρος le mort, pour désigner Jésus[2].

Quelle différence, au point de vue du prestige et des services rendus, entre un Jésus et les héros authentiques de l’hellénisme, véritables bienfaiteurs de l’humanité : un Héraclès, par exemple, que Zeus engendra comme un sauveur pour l’univers[3] ; ou encore, le guérisseur des âmes troublées et des corps infirmes, Asclépios, que les hommes doivent à Hélios[4] et qui se manifesta à Épidaure sous l’apparence d’un homme, pour étendre de là sa main de « sauveur » sur toute la terre[5] ! Julien n’a-t-il pas, dans ses maladies, reçu lui-même du dieu de précieux conseils[6] ? Le Christ, lui, qu’a-t-il fait de vraiment utile, quels droits a-t-il au titre de sauveur[7] ?

Ces comparaisons dépréciatives ne sont pas développées en forme par Julien. Il les suggère en divers endroits de ses écrits. Mais il est vraisemblable qu’il les avait plus

  1. P. 236, l. 4 et s.
  2. Par ex. p. 196, 16 ; 199, 11. C’est sans doute un souvenir de Celse, ap. Origène, Contra Celsum, VII, 68 ; III, 41 et 43.
  3. τῷ κόσμῳ σωτῆρα ἐφύτευσεν (Contre le Cynique Héracléios, p. 220 A, Hertlein). Julien note qu’entre autres prodiges Héraclès marcha sur la mer (p. 219 C).
  4. Or. IV au Roi Hélios (p. 153 B, Hertlein).
  5. Neumann, p. 197, 10 et s. ; cf. 206, 10.
  6. P. 207, 3.
  7. P. 201, 10 ; cf. 214, 24.