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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/420

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n’hésitait pas à opposer aux chrétiens les paroles du Christ sur les « sépulcres blanchis » qui au dehors paraissent beaux, mais au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture[1]. À ce prix, pourquoi invoquer Dieu sur des tombeaux[2] ? Pourquoi se rouler devant des sépultures[3] ? Jésus n’a-t-il pas dit aussi : « Laissez les morts ensevelir les morts[4]… » En réalité, il y a là, affirme Julien, une survivance d’une pratique juive, mentionnée par le prophète Isaïe. Isaïe condamne ceux qui « dorment dans les tombeaux et dans les cavernes » (65, 4), et Julien ajoute de son cru « δι’ ἐνύπνια » (à cause des songes), c’est-à-dire pour obtenir en songe des oracles divins. Cette pratique magique, adoptée par les apôtres après la mort de leur Maître, aurait été transmise par eux à la première génération chrétienne, et les tard venus auraient ainsi recueilli le secret des lieux où devait s’accomplir le rite abominable[5].

C’était là une des raisons principales qui avivaient l’hostilité de Julien contre les chrétiens, en qui il se refusait à voir des êtres « purs[6] ». Plus d’une fois, il prescrivit des exhumations de cadavres autour des sanctuaires païens, ou même des démolitions de chapelles[7]. Et il en arriva à des réglementations rigoureuses, et parfaitement arbitraires, au sujet des obsèques que, pour des motifs de l’ordre cathartique, il interdit de célébrer pendant le jour[8].

  1. Saint Matth., XXIII, 27.
  2. Neumann, p. 220, 1.
  3. P. 226, 5.
  4. Saint Matth., VIII, 22.
  5. Neumann, p. 226, l. 8-15.
  6. P. 220, l. 9.
  7. Voir les faits énumérés par Bidez, p. 130.
  8. Texte de l’édit de Julien dans Bidez, p. 147, et Bidez-Cumont, p. 194 s.. Lire aussi son « exposé des motifs », dans Bipez, p. 198 et s. : Noter la phrase