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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/421

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XVII

Il est difficile de mesurer la dose exacte de l’originalité de Julien dans la polémique dont je viens de résumer l’essentiel. Pour l’évaluer au plus juste, il faudrait avoir en leur totalité les ouvrages antérieurs dont il a pu profiter. Mais qu’il ait très largement tiré parti des traités de Celse et de Porphyre, les rapprochements que j’ai indiqués en note suffiraient à le prouver[1]. Déjà Libanius avait signalé la filiation intellectuelle entre Porphyre et Julien. Il nous parle du long combat mené avec vigueur grâce auquel Julien sut livrer à la risée les croyances de ses adversaires. « Il se montra, ajoute-t-il, plus habile encore que le vieillard de Tyr [c’est-à-dire que Porphyre] sur le même sujet. Et ce Tyrien lui aurait été favorable et aurait accueilli ses discours avec bienveillance, comme s’il eût été surpassé par un fils[2]. »

On peut dire qu’à mesure qu’on apprend à mieux connaître les théories de l’école de Jamblique, l’apport personnel de Julien s’amenuise progressivement. M. Mau, qui a étudié avec le plus grand soin la philosophie de Julien d’après ses deux traités fondamentaux, l’Hymne au Roi Hélios et l’Hymne à la Mère des Dieux[3], « deux des morceaux les plus difficiles de la littérature grecque[4] », montre comment Julien n’a guère fait qu’essayer de fonder

    « Qui enim dies est bene auspicatus a funere aut quomodo ad deos et templa venietur ? »

  1. D’autres analogies sont relevées par Harnack, dans les Abh. der Kön. Preuss. Ak. der Wiss., 1916, 1, p. 33.
  2. Orat., XVIII, 178 (p. 313 Förster).
  3. Die Religionsphilosophie Kaiser Julians, Leipzig et Berlin, 1907.
  4. Ibid., préface.