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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/423

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direction des nations, lesquelles reflètent dans leurs attitudes propres la nature des divinités qui les conduisent, ne sont pas de son invention personnelle. On en retrouve l’essentiel chez Celse[1], et elles se rattachent finalement à la doctrine platonicienne des idées, des modèles intelligibles dont le monde sensible est la réalisation[2].

Il se peut que, seules, ses considérations sans bienveillance sur le christianisme de son temps lui appartiennent en propre. Mais ce qu’on ne saurait contester, c’est que son animosité même lui suggère des tours d’une vivacité frappante, une pressante dialectique, des ironies dont l’âpreté nous est sensible encore. L’œuvre avait une portée au point de vue littéraire. Et, de plus, elle restaurait mainte objection déjà oubliée. Le nom même de son auteur achevait de la rendre dangereuse, et cela explique que les plumes orthodoxes se soient employées de bonne heure à la combattre, dans des réfutations spéciales[3].

XVIII

Ce qui pouvait, sans les annuler, affaiblir la portée des attaques de Julien ; ce qui, en tous cas, la restreint à notre regard, c’est ceci.

  1. ap. Origène, VIII, 58.
  2. Voir plus haut, p. 401.
  3. Apollinaire de Laodicée en composa une peu de temps après l’apparition du livre ; pour saint Jean Chrysostome, la chose est beaucoup moins sûre, comme l’a montré Neumann (p. 14). Théodore de Mopsueste, Philippe de Sida, enfin Cyrille d’Alexandrie combattront Julien tour à tour. Cyrille indique, dans son épître dédicatoire à Théodose, qu’il écrit pour rassurer les fidèles qui se laisseraient prendre aux arguments de Julien, et pour démontrer aux païens que ces arguments n’ont point la solidité qu’ils s’imaginent. M. Franz Cumont a relevé certaines réfutations indirectes de Julien dans l’Ambrosiaster (Revue d’hist. et de litt. relig., 1903, p. 428), lequel écrivait une quinzaine années après la mort de l’apostat.