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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/422

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sur le néo-platonisme le double culte du Soleil et de la Mère des Dieux[1]. Il rappelle le mot d’Alfred von Gutschmid à propos du néo-platonisme, « contre-religion dressée contre le christianisme », et il estime que cette définition convient à Julien mieux qu’à aucun autre néo-platonicien. Et de même que Julien essayait de copier les institutions chrétiennes, pareillement il plagiait la doctrine « galiléenne » : il trouvait un nouveau Logos dans Attis et dans Hélios-Mithra[2], un Dieu sauveur en Asclépios, une « Θεοτόκος », une mère des Dieux, en Cybèle[3]. Mais ce n’est pas tout : « Bien des conceptions dont nous pensons trouver le point de départ dans les écrits de Julien, observe M. Bidez[4], sont en réalité plus anciennes. Le renouveau de nationalisme grec qui a amené les champions de l’ancienne culture à s’intituler Hellènes en s’opposant aux « Galiléens », mouvement qui ne se marque point encore dans les écrits de Porphyre, semble s’accuser déjà chez le pseudo-Julien[5]. Il faut en dire autant de l’idée d’opposer Esculape au Christ. On a eu tort de croire que ce parallèle date du temps de l’Apostat. Les allusions au rôle philanthropique du Dieu guérisseur et sauveur ne sont ni plus fréquentes ni plus manifestes chez Julien que chez notre épistolographe anonyme. »

Même ses vues sur les dieux ethnarques, préposés à la

  1. Ibid., p. 121.
  2. Cf. Marc, p. 59 et s.
  3. μήτηρ θεῶν ὄντως οὖσα πάντων (Hymne à la Mère des Dieux, p. 166 B). On a vu que Julien refusait à Marie le titre de θεοτόκος.
  4. Revue des Études grecques, 1919, p. 35.
  5. Il s’agit de l’auteur de la correspondance dont il a été déjà question plus haut, p. 353. L’expression τὸ Ἐλληνικόν apparaît trois ou quatre fois déjà dans cette correspondance (Bidez-Cumont, p. 247, 5 ; 254, 3 ; 261, 21 ; 267, 12). Julien, lui, emploie le Ἐλληνισμός (Bidez, p. 144, 7), que reprennent à plusieurs reprises Sozomène et Philostorgue, là où ils veulent caractériser l’esprit des réformes de Julien.