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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/431

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d’étranges soupçons, dont l’excuse fut le chagrin profond qu’il en ressentit[1]. Le revirement subit de la politique religieuse, au lendemain de cette catastrophe, n’intimida point son zèle pour l’hellénisme. En 384, encore, il réclamera de l’empereur Théodose une intervention énergique contre les destructions de temples, qu’il impute aux moines, « à ces gens qui remplissent les cavernes et n’ont d’austère que le manteau[2] ». Dès qu’il parle des moines renverseurs de sanctuaires, son indignation se donne libre cours. Il flétrit

… ces hommes habillés de noir, qui mangent plus que des éléphants, et qui, à force de boire, lassent la main des esclaves qui leur versent le vin parmi les chants ; ces gens qui cachent leurs désordres sous une pâleur qu’ils se procurent grâce à certains artifices. Oui, ce sont ces gens-là, & Empereur, qui, au mépris de la loi toujours en vigueur, courent sus aux temples. Ils portent du bois pour y mettre le feu, des pierres et du fer pour les saccager : ceux qui n’en ont pas se servent de leurs mains et de leurs pieds. Ils renversent les toits, démolissent les murs, jettent bas les statues, arrachent de terre les autels : c’est un vrai butin de Mysiens. Quant aux prêtres, il leur faut se taire ou périr ! Dès qu’un temple est détruit, c’est une course vers un second, puis vers un troisième, et ainsi de suite. Ils entassent trophées sur trophées, au mépris de la loi, etc.[3].

Ses œuvres, surtout à partir de sa nomination officielle à Antioche, en 354, sont pleines d’allusions désobligeantes au christianisme, à cette foi étayée sur des livres « qui font d’un homme de Palestine un Dieu et un enfant de Dieu[4] ». En 362 il publia une Apologie de Socrate, où il exaltait le philosophe comme un saint du paganisme et un exemplaire

  1. Voir p. 427.
  2. Or. 2, 32 (Förster, I, 269).
  3. Or. 30, 88 (Ibid., I, 91).
  4. Or. 18, 178 (Förster, II, 314, l. 1 et s.).