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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/432

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achevé de la haute philosophie païenne, indignement contrebattue par les chrétiens[1].

Il ne semble pas, au surplus, que Libanius ait fait, de la doctrine chrétienne, une étude personnelle. Ce sont les écrits de Julien qui lui fournissent ses armes et lui suggèrent le ton même, ironique et persifleur, dont il lui arrive d’user.

Pour lui, les chrétiens sont des « athées » (épithète déjà ancienne dans le vocabulaire des polémistes païens, et que Julien avait employée), puisqu’ils ne veulent rien savoir des divinités helléniques et de la fumée « profitable[2] » des sacrifices. Ils se bercent de « contes ridicules ».

Sur les questions les plus importantes de la vie humaine, ce ne sont pas les poètes, ce sont d’autres maîtres que vous suivez ; et vous fuyez ces temples qu’on vient de rouvrir, vous qui auriez dû gémir du fond de l’âme, alors qu’ils étaient fermés. Quand on vous parle d’un Platon, d’un Pythagore, voilà que vous alléguez votre mère, votre femme, votre intendante, votre cuisinier, et aussi le fait que l’on croit à ces choses-là depuis longtemps[3]. Vous vous traînez à la remorque de ces imbéciles créatures dont vous devriez gouverner l’esprit[4].

C’est aux habitants d’Antioche qu’il tient ce discours. Il déteste également, comme son modèle Julien, le culte des martyrs et des reliques, et il reproche aux chrétiens de hanter les tombeaux[5].

Mais ce n’est pas seulement à ces petits côtés de la foi nouvelle, ou aux manifestations intempestives de ses enfants

  1. Förster, V, 1-121 ; cf. 123-147. Julien avait, lui aussi, magnifié Socrate : voy. Or. III, 96 (éd. Bidez, Paris, 1932, p. 174); Ep. ad Themistiam (p. 342, l. 7, Hertlein).
  2. λυσιτελοῦντος (Or. 12, 69 : Förster, II, p. 34, l. 12).
  3. τὸ πάλαι ταῦτα πεπεῖσθαι (Or. 16, 47 : Förster, II, p. 178, l. 13).
  4. Or. 16, 46-47 (Förster, II, 178).
  5. 62, 10 (Förster, IV, 351, l. 14).