Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est chose mauvaise, et que le Christ, étant bon, n’a pu la pratiquer[1]. »

Il est aussi des païens qui emploient à l’égard du Christ la tactique porphyrienne. Ils se gardent bien de blasphémer Jésus en personne, et lui accordent une sagesse supérieure — humaine toutefois. Ils prétendent que ses disciples l’ont fait passer pour ce qu’il n’était pas, quand ils l’ont proclamé Fils de Dieu, un avec Dieu le Père. Ils conviennent qu’il faut l’honorer comme le plus sage des hommes ; ils nient qu’on puisse l’adorer comme un Dieu[2].

II

Au surplus les partis pris ne se satisfaisaient pas de ces sévices, ou de ces contresens inacceptables. Les païens cultivés déployaient une subtilité passionnée pour éveiller les perplexités des fidèles sur certains articles de leur credo. Rien qu’à lire les œuvres d’Augustin, on se rend compte des formes variées qu’affectaient ces tentatives.

Une fois, c’est Deogratias (ce diacre de Carthage, auquel Augustin adressa le De Catechizandis rudibus) qui reçoit d’un ami toute une liste d’objections anti-chrétiennes. Cet ami n’est point chrétien et il ne fait que répéter ce qu’il entend dire couramment dans les milieux païens. Deogratias s’empresse de les envoyer à Augustin, dont il sait les infinies ressources[3].

La première objection, assez complexe, et qui suppose

  1. Tract. in Ioh. 100, 3 (Patrol. lat., 35, 1892) ; cf. tract. 8, 8.
  2. De Consensu Evang., I, vii, 11 (Patrol. lat., 34, 1052). Comp. ibid., I, xv, 23 « … continent blasphemias a Christo et eas in discipulos eius effundunt. »
  3. Ép. 102 : date incertaine, entre 402 et 412.