Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mœurs populaires, tenacement fidèles aux usages anciens[1], soit dans la sourde et grondeuse sympathie des lettrés.

L’empereur Julien restait leur dieu, et son livre Contre les Galiléens passait à leurs yeux pour « l’imprenable citadelle de l’Hellénisme ». L’expression est de Cyrille de Jérusalem dans la dédicace à Théodose II qui ouvre le traité Pour la sainte Religion des chrétiens contre les livres de l’athée Julien, rédigé entre 433 et 441[2]. Cyrille laisse entendre que, s’il se décide à combattre Julien, c’est que beaucoup de païens, à Alexandrie, s’en allaient répétant que jamais les démonstrations de Julien en faveur des anciens dieux n’avaient pu être réfutées par aucun « didascale » chrétien, et qu’elles gardaient toute leur efficacité. Ces débats restaient assez vivaces pour qu’un certain nombre de fidèles eussent prié Cyrille de faire le gros effort d’une discussion détaillée.

Ceux qui n’osaient pas attaquer de front le dogme chrétien s’en prenaient aux à-côté de la foi, par exemple aux intempérances du zèle monastique, au culte des martyrs, etc. Nous allons voir avec quel empressement Rutilius Namatianus, au début du ve siècle, saisit ou crée l’occasion de dire aux moines leur fait.

III

Vers la fin d’octobre de l’année 417, Rutilius Claudius Namatianus quittait Rome, non sans regret, pour se rendre

  1. Références dans P. de Labriolle, Hist. de la litt. lat. chr., 2e éd., p. 743 et dans Wissowa, Rel. und Kultus der Römer, 2e éd., p. 100.
  2. Patrol. gr., 76, 508.