Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/472

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bonne partie nous en a été ravie. Le premier livre comprend 644 vers (des distiques élégiaques) ; le second livre s’arrête brusquement après le vers 68. Vessereau admet, sans raison valable, que Rutilius n’en avait pas écrit davantage : le vers 62 marque, au contraire, qu’il reprenait comme un nouvel élan, juste au moment où le texte se dérobe[1].

C’est une perte, ce n’est pas une très grande perte. Si l’on détache du poème les digressions et les invectives, on est obligé de reconnaître que Rutilius est un touriste des plus superficiels, qui ne sait ni voir ni faire voir et rencontre bien rarement une observation de quelque relief.

L’historien anglais Gibbon, qui ne surfait nullement les mérites de Rutilius[2], lui sait gré toutefois de deux passages, qui ont beaucoup contribué à sauver de l’oubli son médiocre carnet de route[3].

Nous sommes déjà au cinquième jour de la traversée, car la barque sur laquelle Rutilius est monté n’avance pas vite. Parti de Portus Augusti (Porto), il a couché le premier soir à Centumcellae ; le second soir à l’Herculis Portus ; une troisième étape l’a conduit un peu au nord de l’embouchure de l’Umbro, où il a passé la nuit sous la tente ; le quatrième jour, le bateau a longé l’île d’Ilva (= l’île d’Elbe) pour atterrir à Populonia. Enfin, le cinquième jour de ce cabotage, Rutilius aperçoit au loin la Corse (un peu embrumée sans doute la veille), et l’île de Capraria.

  1. « Carmine praeposito jam repetamus iter. »
  2. Il l’appelle an ingenious traveller (The history of the decline and fall of the roman Empire, Londres, 1838, t. V, p. 162). Ailleurs il le traite de « froid déclamateur » (Miscell. Works, Londres, 1814, t. V, p. 435).
  3. Miscell. Works, t. III, p. 250 et suiv.