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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/475

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C’est, remarque-t-il, une erreur complète de s’imaginer que le monachisme n’ait provoqué d’opposition ou soulevé de colères que du côté païen. Même dans des milieux authentiquement chrétiens, des réserves expresses furent formulées de bonne heure, parfois avec l’accent le plus vif. Schenkl en donne comme preuve, d’abord l’attitude du prêtre Jovinien, que saint Jérôme réfuta en 392, et qui attaquait la prétendue supériorité de la vie ascétique en proclamant l’égalité des mérites des vierges, des veuves et des femmes mariées, après le baptême, à condition que leurs « œuvres » fussent équivalentes ; il rappelle qu’en 406 saint Jérôme eut encore maille à partir avec un prêtre gaulois, Vigilance, qui renouvelait certaines des propositions de Jovinien et rencontrait des adhésions jusque dans l’épiscopat[1] ; il cite divers passages de saint Jean Chrysostome, lequel, dans son Apologie de la Vie monastique[2], spécifie que c’est souvent parmi les chrétiens que se recrutent les détracteurs « qui, dit-il, vont jusqu’à faire la guerre, une guerre à outrance, à ceux qui pratiquent et font pratiquer la vie parfaite ». Et enfin la loi elle-même, à en juger par certains textes du Code Théodosien, n’avait-elle pas quelquefois des rigueurs assez mortifiantes contre ceux qu’elle traitait d’ignaviae sectatores, et de déserteurs des munera civium ?

Le moyen, après cela, conclut Schenkl, de fonder sur des vivacités comme celles auxquelles Rutilius s’abandonne une certitude quelconque de son attachement à l’ancienne religion romaine ?

  1. Contra Vigilantium, § 2 : pro nefas ! episcopos sui sceleris dicitur habere consortes.
  2. I, § 2.