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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/478

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de Schenkl qu’il paraissait l’être auparavant, et que rien n’interdit de supposer chez Rutilius des hostilités et des rancunes toutes pareilles à celles dont était travaillé à cette époque le cœur de plus d’un aristocrate païen de sa formation et de son rang.

IV

Dans son traité intitulé Ἑλληνικῶν θεραπευτική παθημάτων (Méthode pour soigner les maladies helléniques), rédigé près d’Antioche vers 437, Théodoret de Cyr signale l’irritation que causent toujours aux païens les honneurs rendus aux tombeaux des martyrs. Il s’étonne de ces résistances. Les « héros » grecs n’ont-ils pas leurs tombeaux auprès des temples : ni ceux qui les leur ont élevés, ou qui les y prient, ne croient contracter une souillure, ni ils n’estiment que ces morts puissent souiller les autels. Pourquoi donc, à propos des martyrs chrétiens, ces susceptibilités que rien, dans la tradition hellénique, n’autorise[1] ? — D’autant plus que les fêtes chrétiennes en leur honneur témoignent d’un progrès sensible au point de vue de la décence et de la tenue :

Les temples de vos dieux sont détruits sans même laisser une trace ; on ne sait même plus comment étaient faits les autels. Les matériaux ont servi aux sanctuaires des martyrs. Car le Seigneur a introduit ses morts à la place de vos dieux ; il a congédié ceux-ci pour réserver leurs honneurs aux martyrs. Au lieu des Pandia, des Diasia, des Dionysia et autres solennités, on célèbre les fêtes de Pierre, de Paul, de Thomas, de Sergius, de Marcellus, de Leontius, d’Antonin, de Maurice et des

  1. viii, 34 (Patrol. gr., 83, 1018).