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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/482

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pas d’une clarté parfaite. Palladas semble bien y railler la croyance chrétienne aux joies paradisiaques et aux tourments de l’enfer. Voici qui est plus net :

Si ce sont des « moines », demande-t-il ironiquement, pourquoi y en a-t-il tant ? Et s’il y en a tant, pourquoi sont-ils des solitaires ? Ô multitude de solitaires, qui fait de la solitude un mensonge[1] !

VII

La suprême résistance au christianisme, c’est dans les cercles philosophiques païens, celui d’Alexandrie et surtout celui d’Athènes, qu’elle s’essaya sans grand succès. Le néo-platonisme en resta jusqu’au bout le foyer le plus actif, nouvelle preuve des divergences profondes qui en dressaient les doctrines contre le dogme chrétien.

Ces luttes ne semblent pas avoir été bien virulentes à Alexandrie. La nécessité de recruter des élèves, dans une ville si fortement christianisée, dut incliner les professeurs à certaines concessions, et même à certaines compromissions. Damascius dit d’Ammonius, qui y enseignait aux alentours de 500 : « Ammonius, honteusement avide d’argent et ne regardant qu’à s’en procurer d’une façon quelconque, fit un arrangement avec celui qui surveillait alors (= l’évêque) sur la croyance prépondérante[2]. » — Quant à Hiéroclès, plus jeune qu’Ammonius, on a noté l’éclectisme complaisant avec lequel il admettait certaines idées chrétiennes, par exemple, la création ex nihilo, la notion

  1. XI, 384 : trad. Dehèque, I, 446.
  2. Ap. Photius, fragm. de la Vita Isidori (éd. Hœschel, 1612, p. 1071).