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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/50

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chacun d’eux vivait et respirait. Le plus accompli et le plus honnête des Stoïciens, Marc-Aurèle, rencontrera, quelques dizaines d’années plus tard, le même accent de mépris pour parler de l’intrépidité chrétienne, où il ne verra qu’entêtement et parti-pris effronté[1].

VIII

Parmi les textes douteux, dont il est aussi difficile de faire abstraction que de faire état, il faut citer la lettre qu’un des auteurs de l’Histoire-Auguste, Vopiscus, donne comme adressée par l’empereur Hadrien à son beau-frère, L. Julius Ursus Servianus.

Grand voyageur, Hadrien entreprit en septembre 128 un long périple à travers l’Orient. Il passa l’hiver à Athènes ; puis il visita l’Asie Mineure, la Syrie, arriva en Égypte au début de 130 et séjourna deux mois à Alexandrie. Il est possible qu’il ait eu, durant ces années d’Orient, un commerce de lettres avec Servianus. Voici en quels termes il aurait parlé de l’Égypte et des Alexandrins d’après le document que Vopiscus prétend avoir extrait des écrits de Phlégon, secrétaire de l’Empereur[2].

Cette Égypte que tu me vantais, mon cher Servianus, je l’ai trouvée légère, suspendue à un fil, voltigeant à chaque souffle de la mode. Là, ceux qui adorent Sérapis sont en même temps chrétiens, et ceux qui se disent évêques du Christ sont dévots à Sérapis. Pas un président de synagogue juive, pas un Samaritain, pas un prêtre chrétien qui ne cumule ses fonctions avec celles d’astrologue, de devin, de charlatan. Le patriarche lui-même, quand il vient en Égypte, est forcé

  1. Ici p. 76.
  2. Vita Saturnini, 8, 1.