Cette lettre est-elle authentique ?
E. Renan jugeait « inconcevable » qu’on pût élever des doutes sur un pareil morceau « d’un style si fin, qui porte si bien le cachet de son auteur, et que personne n’avait intérêt à fabriquer ».
En fait, les études approfondies dont l’Histotre-Auguste a été l’objet, depuis H. Peter et Ch. Lécrivain, commandent la plus grande prudence à l’égard des « documents » qui y sont cités. À passer au crible les expressions dont usa Hadrien, il en est une qui, vers la fin de la lettre, éveille une défiance justifiée.
Hadrien écrit : « … À peine étais-je parti qu’ils se sont mis à jaser sur mon fils Verus et à dire sur Antinoüs ce que tu sais, je crois. » Cette formule, « mon fils » Verus, implique que Hadrien avait déjà adopté (ce qu’il fit dans la seconde moitié de l’année 136) L. Ceionius Commodus[2], lequel devait mourir peu après. Or Servianus, alors très âgé[3], avait encore des prétentions à l’Empire[4], et dut manifester à ce sujet quelque mécontentement[5]. Hadrien,
- ↑ Trad. Renan, l’Égl. chrét., p. 189. Texte dans l’éd. Holl, t. II, p. 227.
- ↑ Ce personnage est appelé L. Aurelius Verus ou Verus dans l’Histoire-Auguste : les monnaies et les inscriptions ne le nomment jamais ainsi (P. W., art. Ceionius, col. 1830).
- ↑ Spartien, Vita Hadriani, 22 le traite de senex nonagenarius.
- ↑ Affectator imperii, dit Spartien.
- ↑ Dion, LXIX, 17, 1 = Zonaras, IX, 24.