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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/507

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cités[1]. Puis, l’éternel problème, si souvent retourné : étant admis que les corps doivent ressusciter intacts, en leur forme terrestre, qu’advient-il du cadavre d’un noyé qui est dévoré par les poissons, lesquels servent eux-mêmes de pâture à des hommes ? Comment imaginer la reconstitution d’une chair transmuée en d’autres chairs, qui devraient donner une partie d’elles-mêmes pour reformer celle dont elles se sont nourries[2] ?

Cette question est prêtée à une âme perplexe, qui l’a entendu formuler avec des railleries par des adversaires « au cœur de pierre ». Comment n’y pas reconnaître l’écho d’une des discussions les plus savamment conduites de Porphyre[3] ?

Ailleurs c’est le souvenir des attaques de Julien qui s’impose à nous, quand on voit le questionneur s’étonner que Jésus ait touché des morts, alors qu’il avait parlé des sépulcres blanchis, remplis d’ossements « et de toutes sortes d’impuretés[4] » ; quand il demande pourquoi les chrétiens n’appellent pas les anges des dieux, puisque les anges sont supérieurs à l’homme, qui lui-même est appelé « dieu » dans l’Écriture Sainte[5] ; quand enfin il s’étonne qu’on fasse grief aux païens de certains sacrifices humains, alors que le Dieu de la Bible prescrit d’immoler des animaux, alors que Jephté, qui sacrifia sa propre fille, est compté parmi les modèles de piété dans l’Épître aux Hébreux (xi, 33[6]) ?

Il n’est pas jusqu’au fameux Apollonius de Tyane, dont certains sortilèges précieusement conservés et toujours efficaces

  1. 75 = 87 ; 76 = 88.
  2. Quaestiones Gentilium ad Graecos, no 15 (Otto, V, p. 330).
  3. Voir plus haut, p. 276.
  4. Respons. Quaestio 28 (= 38 dans le ms. de Constantinople).
  5. Quaestio 142 = 148. Cf. plus haut, p. 400.
  6. Quaestio 99 = 100. Voir Julien, éd. Neumann, p. 216 et s.