Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/508

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’époque même où l’auteur écrit, ne soient une fois de plus opposés aux manifestations de la puissance divine, qui semble par eux tenue en échec[1].

VI

Ces indications — dont il serait aisé de grossir le nombre — suffiront pour montrer l’intérêt et la richesse de ces recueils trop négligés.

C’est là que la pensée chrétienne du ve siècle — époque que l’on croirait volontiers déshéritée, une fois disparus les Jean Chrysostome, les Jérôme, les Augustin — se révèle toujours active, vivante, infatigable à scruter les énigmes de la foi. Loin de fomenter une sorte de conspiration du silence sur les difficultés suscitées par ses adversaires, ou exploitées par eux, elle les met dans tout leur jour, les aborde de front, y fournit des solutions toujours ingénieuses, — artificielles parfois, mais souvent aussi pressantes et fortes.

Cette méthode loyale, dont la valeur pédagogique paraît avoir été fort appréciée, s’est perpétuée jusqu’au moyen âge[2]. Mais peu à peu les thèmes se schématisent, et les compilateurs se contentent de répéter les vieilles solutions. — Dans la théologie conçue selon le dispositif de la scolastique, le Solvuntur obiecta aura sa place, à côté de l’exposé doctrinal. N’est-ce pas ainsi qu’E. Renan déclare avoir entrevu, dès ses années de séminaire, à Issy, quelques-unes des thèses de la philosophie « moderne[3] » ?


  1. Quaestio 24 = 34. Le passage a été déjà analysé p. 456.
  2. Voy. Bardy, dans Revue Biblique, 1933, p. 14 et s.
  3. Souv. d’Enfance et de Jeunesse, éd. Nelson, p. 181.