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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/61

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cipes et qui inspirait alors plus d’une heureuse réforme sociale[1] : ce n’est pas à tort que Renan prononce à ce propos les mots de « forte concurrence[2] ». — Conseillers des familles, ils rencontraient dans les maisons où ils étaient hébergés ou reçus le prosélytisme infatigable des convertis. — Jusque dans la rue, quand ils portaient aux masses la bonne parole, ils se voyaient exposés à la contradiction d’un auditeur chrétien, ou se laissaient entraîner à la susciter eux-mêmes pour détruire l’effet d’exhortations dont le ton de certitude les avait irrités.

Les Homélies Clémentines qui, dans leur état actuel, remontent au ive siècle, mais utilisent des éléments beaucoup plus anciens, nous offrent une scène qui paraît prise sur le vif[3]. Un citoyen romain, nommé Clément, ayant entendu à Rome prêcher l’Évangile, se décide à partir pour la Judée. Des vents contraires poussent vers Alexandrie le navire où il a pris place. Il y est mis en rapport avec Barnabé, le disciple de saint Paul, alors de séjour dans cette ville. Barnabé expose publiquement, en un langage fort simple, les vérités chrétiennes et il rencontre dans la foule l’accueil le plus sympathique. — Surviennent des philosophes qui « ne voulant s’inspirer que de leur science profane » se moquent de lui, et cherchent à le déconcerter, à grand renfort de syllogismes. Barnabé se refuse à entrer dans leurs subtilités ; il continue son discours, exhibe des témoins qui confirment ses dires. Conquis par tant de bonne foi, Clément prend à son tour la parole et secoue véhémentement les philosophes, pro-

  1. Cf. P. de Labriolle, Pour l’histoire du mot « Humanité » dans les Humanités, nos  de juin et de juillet 1932.
  2. Les Évangiles, p. 411.
  3. Hom. Clém., I, 10.